25 mai 2016

Premier vol

31 octobre 2015:

Voici le jour tant attendu de mon premier vol en tant que copilote sur Airbus. C'est un jour que je n'oublierai jamais de part l'émotion procurée par l'aboutissement de mon rêve (piloter un avion de ligne avec des passagers à bord dans une compagnie aérienne), mais également de part le scénario de ce vol. Je débute donc dès à présent mon Line Training qui durera minimum 40 secteurs et sera sanctionné par un Line Check (évaluation en vol) lorsque les intructeurs avec qui j'aurai volé jugeront que je suis prêt à être lâché en "regular First Officer".

Je me rends donc à la crew room, 2h30 avant mon vol afin d'avoir assez de temps pour préparer mon vol. Pour mes premiers vols (aussi appelés secteurs), je serai accompagné d'un deuxième copilote qui sera assis sur le jumpseat derrière moi. Il est appelé Safety Pilot (ou pilote de sécurité). En effet, n'ayant jamais volé sur Airbus en compagnie aérienne, ce 3ème pilote est présent afin de vérifier qu'il n'y ait pas d'erreurs majeures durant le vol, l'instructeur pouvant en rater à cause de la surcharge de travail du fait de l'instruction. Ce troisième pilote est sensé être un copilote expérimenté mais pas chez Atlas où l'on devient safety pilot à seulement 300 heures sur type (ce qui n'est que la moitié des heures nécessaires pour être embauché dans la plupart des compagnies du monde en tant que pilote débutant).

Je commence donc à préparer mon vol vers Ercan à Chypre, avec le safety pilot, plan de vol, trip info, météo, notams etc... Le captain instructeur arrivera environ 1h30 avant le vol et checkera juste la météo sans autre briefing puis nous iront à l'avion.


Une fois à l'avion, pendant que le captain fait son inspection extérieure de la machine (appelée walkaround) mon collègue m'explique comment lui, a l'habitude de faire la cockpit preparation (tout à fait non conforme aux standards Airbus), puis nous débutons la préparation du FMS (l'ordinateur de bord), j'entre les données de masses, le plan de vol, les vents, les moyens de navigation, les perfo, etc.


Tout va très vite je dois avouer. Ça ne se passe pas vraiment comme dans les bouquins, il faut sans arrêt s'adapter à chaque situation, et à la radio, de par l'accent turc, c'est très difficile pour moi de tout comprendre, d'autant plus que l'aéroport d'Istanbul Ataturk est un des plus occupé d'Europe tout en étant de taille très restreinte. Donc les communications radio sont intenses et très rapides.

Nous commençons le roulage après environ 30 minutes de retards dues à l'arrivée tardive de l'avion. Puis la chef de cabine appelle le captain par interphone et ils se mettent à parler en turc avec l'autre copi. Moi bien sûr je ne comprends rien! Le captain prend la radio et y parle.. en turc. Je me rends compte que nous retournons au parking alors je demande ce qu'il se passe mais la seule réponse en anglais que j'aurai est la suivante "rien de spécial ne t'inquiète pas". Super! Finalement durant leur conversation en turc j'entendrai "panic attack" et je comprendrai qu'il s'agit d'un problème avec un passager sans autre information de la part du captain. On se retrouve donc au parking et le passager est évacué. Après 1 heure de retard nous reprenons le roulage et finissons par décoller., le captain étant PF.

Là, c'est énorme, je fais toutes mes annonces mais tout va à 2000 à l'heure, j'avoue que je suis largué. Même si toutes mes annonces et actions sont faites à temps, je galère avec la radio et je suis 10km derrière l'avion. J'ai quand même le temps de regarder sur ma droite et de me rendre compte pour la première fois, qu'à ma droite il y a la fenêtre du copilote avec le fuselage qui se resserre vers le nez de l'avion, il n'y à donc absolument personne devant moi, je suis First Officer sur Airbus!

Arrivé en croisière, je peux profiter de mon premier repas à bord en tant que pilote de ligne, seul vrai moment de détente durant le vol, je profite donc pleinement de ces quelques minutes.


Durant les trois premiers jours de vol, je ne toucherai pas aux commandes, je serai seulement PM. Le reste du vol se passera très bien ainsi que le retour. Les vols suivants me permettront de prendre en main l'avion, j'en parlerai dans le prochain post.

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