30 octobre 2015

OCC

Septembre 2015:

Cela fait maintenant deux semaines que je suis à Istanbul, Irfane et moi avons emménagés dans un appartement à Atakoy, à 5 minutes du métro, lui même à 5 minutes de l'aéroport, c'est idéal pour nous. Au passage je me suis fait de nouveaux amis là ou je vis :)






Nous sommes donc on pleine OCC comme l'indique le titre de l'article. L'OCC, comprenez Operator Conversion Course. Et oui, encore des cours.. C'est en fait un refresh sur les systèmes de l'avion, plus des cours assez denses sur les opérations en compagnie aérienne (MNPS, RVSM, cold weather, Hot weather, icing/de-icing etc...), mais également l'apprentissage des SOP's propres à la compagnie (Standard Operating Procedures, autrement dit, les procédures en vol). Il faut compter environ 1 mois de cours.

J'ai entre temps reçu mon ID, mon badge de pilote de la compagnie et mes galons de first officer, ça n'est pas grand chose mais je fais désormais officiellement partie des effectifs de la compagnie. C'est symbolique.


 Les cours CBT des systèmes A320 (comme en qualif à Vilnius)

Au starbucks de l'aéroport avec Irfane et Oscar pour réviser


Durant ce training, nous sommes également passé au Mock-up avec les nouvelles hôtesses intégrants la compagnie. Procédures d'évacuation d'urgence, feu en cabine, amerrissage etc.. Et on se prend à rêver toujours un petit peu plus en voyant les avions atterrir, bientôt notre tour.





Intégration

4 septembre 2015:

Aujourd'hui c'est notre journée d'intégration. Rien de bien méchant, quelques papiers à signer, on récupère notre permis de travail et de résidence, découverte des locaux de la compagnie, puis essayage des uniformes pour prendre nos mesures.






Nous avons quelques pistes pour l'appartement, mais rien de confirmé pour l'instant, ça devrait se faire la semaine prochaine. Nous voulons nous installer à Atakoy, un quartier proche de l'aéroport Ataturk où on sera basés.

Le grand départ

Voilà un petit moment que je n'ai pas mis de nouveau post car j'ai été pas mal occupé en septembre/octobre par mon intégration chez Atlas, les prochains articles seront donc dédiés à mes débuts en Tuquie.


Dimanche 30 Août 2015:

Ca y est, les 10 jours sont passés très vite, j'ai pu aujourd'hui faire un dernier vol en aéro-club et en faire profiter mon père, ma copine et des amis. Un dernier tour au dessus de la forêt de saint germain, vue sur Paris et la Défense, la Tour Eiffel, verticale de la maison familiale puis retour vers Pontoise, un passage haute vitesse au ras de la piste avec battement d'ailes pour saluer (et remercier) mes collègues de la tour de contrôle de Pontoise puis un dernier atterrissage pour mettre un terme (provisoirement) à ma carrière d'instructeur.




Mardi 1er Septembre 2015:

La jour J, beaucoup d'excitation, mais également de la tristesse. Les aux-revoir avec ma copine le matin même avant qu'elle parte au travail, j'avoue j'ai versé ma petite larme car je ne vais pouvoir revenir que très rarement, mais c'est pour la bonne cause. Repas chez les parents le midi pour profiter encore un peu d'eux, puis départ pour Roissy CDG. On s'est donné rdv à 15h avec Irfane histoire d'avoir le temps d'enregistrer les bagages et de dire au revoir sans se presser.

Le vol est à 17h, nous disons au revoir aux parents puis passons la sûreté. Nous embarquons dans l'A321 d'Atlas Global et c'est partit pour un vol de 3h10 vers Istanbul et le début de notre nouvelle aventure.

Nous arrivons à 21h30 heure local et prenons un taxi vers notre hôtel dans le nord-ouest de la ville. Les prochains jours seront consacrés à notre recherche d'appartement et à nos premiers pas chez Atlas.





30 septembre 2015

Au revoirs la France, et sans regrets!

Août 2015:

Nous sommes début août et je suis très embêté: j'ai bossé tout le mois de juillet pour IFlight sur le simu A320, j'ai fais beaucoup d'heures et les ai souvent sortis de situations hasardeuses en me rendant très disponible, parfois jusqu'à minuit, mais ces co#@!rds m'ont payé avec des chèques en bois! 1200€ d'impayés! Le gérant a soit disant quitté le pays en vidant les comptes, mais son mari est toujours en France dans le 77 dans leur maison, avec sa voiture et ses chiens.. Très bizarre, bref, vu que je suis auto-entrepeneur et que je suis en France, je n'ai aucun recours contre eux à part faire appel à un avocat mais je ne vais pas engager une telle procédures avec tous les frais qui en suivent alors que je dois partir en Turquie dans peu de temps. Je me retrouve donc avec 1200€ qui ne me seront jamais payés et tout cela impunément! Par contre le RSI, lui, ne manquera pas de me réclamer mes cotisations hein.. Merci la France! C'est donc sans aucun regret que je me prépare pour mon grand départ.

Je passe le mois d'août entre l'aéro-club, ma copine et ma famille, je profite un peu de l'été, puis obtiens enfin mon Visa. Je reçois alors un mail d'Atlas le 21 août me demandant d'être à Istanbul le 1er septembre. Nous avons rdv le 4 pour les divers documents et essayages des uniformes :) Il me reste donc plus que 10 jours à passer en France, pour régler toutes mes affaires et bien profiter de ma famille, mes amis et ma copine. Ça va passer très vite, l'excitation monte, le stresse aussi car je pars loin, dans un pays que je ne connais pas, je vends toutes mes affaires pour avoir un peu d'argent pour assurer les premiers mois sur place, etc..


C'est un drôle de sentiment qui m'envahit durant ces 10 jours, triste de quitter les gens que j'aime, peur de l'inconnu, peur de ne pas être à la hauteur, mais d'un autre côté, tellement content d'avoir cette opportunité de débuter ma carrière de pilote de ligne sur Airbus 320/321, d'autant plus que j'ai la chance de partir avec mon pote d'ATPL Irfane. C'est une chance inouïe que nous ayons été recruté en même temps dans la même compagnie!! Qui aurait pu dire au début de l'ATPL, le premier jour lorsqu'on s'est assis par hasard l'un à côté de l'autre que 5 ans plus tard nous partirions ensemble à Istanbul dans la même compagnie aérienne?! On va pouvoir partager les frais d'hôtel les premiers jours et on décide également de faire une coloc là bas. Bref toute une aventure qui s'annonce, certainement la plus grande aventure de ma vie.. Suite au prochain épisode!








Selections Atlas Global

Juillet 2015:

Il y a quelques mois, avec Irfane, nous avons postulé chez Atlas Global par courrier (oui à l'ancienne). C'est une compagnie Turque basée à Istanbul qui opère des Airbus 319/320 et 321. Le marcher du travail en Turquie est assez attractif en ce moment pour les pilotes car Turkish Airlines en aspire beaucoup et je pense que la tendance va encore s'amplifier l'année prochaine avec Pegasus qui doit commencer à recevoir ses A320Neo (100 en comande).

Bref, nous avons été contacté par la compagnie et attendions depuis plusieurs semaines une date pour une éventuelle sélection.. Et c'est tombé! Ce sera le 20 juillet. Je réserve donc mes billets d'avion pour Istanbul et profite des fins de journées chez IFlight pour utiliser le simu A320 au max pour moi afin de m'entraîner et réviser mes procédures.


Dimanche 19 juillet, je me rends à Paris CDG pour prendre mon avion (Atlas bien sûr). Je m'attends à un service très basique étant donné qu'AtlasJet (ancien nom de la compagnie) était une compagnie low cost. Belle surprise car peu après le décollage, les hôtesses me servent un plateau repas chaud (très bon d'ailleurs), boissons à volonté, et une pâtisserie locale un peu avant la descente. Après 3h10 de vol environ (et 30 minutes de roulage à Istanbul!), j'arrive à Istanbul Ataturk Airport. Première impression en sortant du terminal: c'est un petit peu la jungle ici. Le taxi conduit comme un dingue et pas de ceintures à l'arrière (ça ne sert à rien apparemment car "no problem no problem"..). J'arrive à mon hôtel et vais me reposer pour être frai le lendemain.


Lundi 20 juillet, rdv à 15h pour le simu mais je pars à 12h avec Irfane afin de profiter du briefing et être bien en avance. Je fais alors la connaissance d'Oscar un jeune captain hollandais de Susi Air sur Cessna Caravan en Indonésie, il sera mon binôme pendant le simu. Notre instructeur arrive vers 13h nous brief rapidement: ce sera un départ sur une SID (procédure de départ aux instruments) puis retour vers la vent arrière par guidage radar, approche à vue, remise de gaz avec panne moteur et nouvelle approche sur un moteur. Du classique. Irfane passe en premier avec son binôme, en ressortant il n'a aucune idée du résultat, l'instructeur ne lui a rien dit, par contre il a clairement dis à son binôme que ça n'était pas bon. Le stresse monte, mais après tout il suffit que je fasse comme d'habitude et ça devrait passer!

J'entre dans le simu et commence en tant que PF (Pilote en Fonction), d'après les directive du TRI, Oscar en tant que PNF devra faire uniquement ce que je lui dirai et ne pourra pas prendre d'initiative pour m'aider. Il veut clairement évaluer mes capacités en tant que pilote et non en tant qu'équipage. Je décolle de la piste 35L, pas un nuage, je suis la SID et monte à 4000ft, les procédures après décollage se déroulent normalement. Le TRI nous donne alors un cap vers la branche de vent arrière (parallèle à la piste mais dans l'autre sens) et me fait descendre à 2000ft. Déconnexion du pilote automatique, je vire un peu tôt en étape de base mais m'en rend vite compte et dessers le virage. Etape finale, l'avion est configuré, je suis sur l'axe et  le plan, tout est stable, je me pose sans soucis en caressant la piste :) Le TRI me repositionne en début de piste avec un ciel couvert et je repars pour un nouveau décollage, V1, VR, je tire sur le manche pour décoller mas bien sûr c'est à ce moment que mon moteur n°1 (le gauche) tombe en panne! Je contre les effets en bottant à droite avec mon pied puis compense l'avion, AP ON (AutoPilot). Je suis déjà dans la couche de nuage et ne vois plus rien dehors. Je remonte à 4000ft sur un seul moteur dans la couche et effectue avec Oscar les actions d'urgence (ECAM actions). Une petite erreur vite corrigée avec la vitesse, puis le TRI me guide à nouveau vers la vent arrière puis vers l'interception de l'ILS (Instrument Landing System) pour me poser. En finale, l'avion est configuré, tout est géré et nous sommes tout à fait dans le coup avec mon binôme. Je continue la descente mais arrivé aux minima, toujours pas la piste en vu: "Go around!" (remise de gaz), je repousse les manettes de gaz vers l'avant et cabre l'avion pour reprendre de l'altitude avec toujours un moteur en panne. D'un coup le ciel se découvre et le TRI me demande de refaire une approche à vue, je la fais sans problème (toujours avec l'AP engagé pour m'aider à tenir l'altitude et le cap), en fin de vent arrière mon AP2 se déconnecte! Pas grave, j'engage l'AP1 ^^ Bon il ne marche pas non, il semblerai que je sois à présent évalué sur mes compétences pures de pilotage. Pas de soucis c'est ce que je préfère en tant qu'instructeur d'aéro-club. Je me représente en finale et pose l'avion avec un moteur en panne sans problème. On échanges nos sièges avec Oscar et je deviens son PNF durant 45mn pour globalement les mêmes exercices.



En sortant du simu, le TRI (qui au passage est le training manager - le grand chef), nous sert la main et nous annonce que c'est bon pour nous! Super, quel soulagement! Il faudra donc faire les démarches en France pour la demande de Visa et dès que je l'aurai, départ pour la Turquie! Irfane apprendra 3 jours plus tard par mail qu'il est également reçu. C'est génial, on va pouvoir y aller ensemble! Nous étions 7 mais seulement 4 ont été retenus dont Irfane et moi.

23 septembre 2015

Smart-Flight et IFlight

Mai 2015:

Je me remets doucement de ma déconvenue Hongroise quand monsieur Lopez, directeur fondateur de Smart-Flight me téléphone. Il a eu mon contact par ma connaissance qui souhaitait m'aider pour Aigle Azur. Il recherche un pilote qualifié sur Airbus pour dispenser des cours lors de baptêmes sur simulateur FFS sur A330 / A340. Super opportunité pour moi car pour le moment à part le FI bénévole en aéro-club, je n'ai rien à me mettre sous la dent, d'autant que pour Aigle Azur c'est mort. Pas de nouveau recrutements prévus cette année malgré l'appui du PDG en personne. Je saute donc sur cette chance de pouvoir faire du simu FFS A330/A340 tout en étant payé! Seul hic, je dois me mettre en statut auto-entrepreneur. Tant pis, je le fais et en profite du coup pour démarcher une petite société qui vend des vols d'initiation sur simulateur fixe A320 dans le 77. IFlight simulator. Je suis pris de suite car le dirigeant vient de perdre son instructrice qui est partie voler sur PC12 chez Jetfly. Me voilà maintenant instructeur sur simulateur fixe A320 et sur FFS A330 / A340. J'ai négocié un salaire de 100€ par jour chez IFlight et 200€ chez Smart-Flight, de quoi me sortir entre 1500 et 2000€ par mois. En plus je vais pouvoir maintenir mes compétences sur Airbus, c'est top. Je retrouve le sourire.



Première sélection

Avril 2015:

J'ai reçu le mois dernier un mail de la part de la compagnie WizzAir. Une compagnie en pleine expansion. Ils ont commandé beaucoup d'avions et ont un grand besoin de pilotes. Je suis convoqué pour une sélection. La première de ma vie en tant que pilote de ligne. Je vais devoir partir 3 jours à Budapest au siège de la compagnie pour subir les divers tests. Gros stresse mais tout m'est expliqué dans un PDF attaché au mail. Voici comment ça va se dérouler:

Premier jour: Présentation de la compagnie, choix des bases, puis test écrit de connaissances sur l'ATPL et l'A320 le matin. L'après-midi, exercices de groupe (ce que je redoute le plus).

Deuxième jour: Entretiens individuels avec la RH et les pilotes.

Troisième jour: Test sur simulateur.

Chaque jour est éliminatoire, et nous sommes informés le soir même de la réussite ou non des épreuves du jour. Dur dur! Point de vue logistique, la compagnie me paye le billet de Paris à Budapest via Varsovie, c'est plutôt cool. En revanche l'hôtel est à mes frais.




Me voilà à Budapest, je me sens un peu seul, j'arrive à mon hôtel Ibis (budget oblige) et rencontre un français. Je commence à discuter avec lui. Il s'appelle Antoine et est lui aussi là pour la sélection. Super, on va pouvoir s'entraider! J'apprendrai par la suite qu'Antoine, n'est autre que l'ancien Leader de la patrouille de France, aujourd'hui directeur des opérations en vol de la PAF (Patrouille de France). Je verrai aussi quelques semaines plus tard en regardant mes vieilles photos de ma formation CPL à l'ESMA que je l'avais déjà rencontré, c'est marrant comme le monde de l'aéronautique est petit!

Le premier jour se passe plutôt bien, la présentation de la compagnie me tape à l’œil, salaire annoncé d'environ 2500€ primes incluses, choix de la base en Europe centrale avec un planning 6 jours ON, 1 repos, 6 autres jours ON puis 7 jours OFF pour rentrer à la maison avec les billets d'avion gratuits sur le réseau de la compagnie. Ensuite vient le test écrit, je pense pas trop mal m'en sortir. Je rentre le soir à l'hôtel et bois une biere avec Antoine et un autre français rencontré à l'hôtel déj àen post chez WizzAir. Le mail tombe et c'est sans appel: sur les 25 candidats présents le matin même, seulement 10 sont gardés! Antoine et moi sommes de la partie! Super! On va manger puis révisions ce soir pour préparer les entretiens du lendemain.

Le jour le plus important, les entretiens, et je passe en premier! Nous ne sommes plus que 10, et dans les 10 nous ne sommes que 2 à être qualifié sur l'A320 ce qui (je pensais) me donnerait un avantage certain. La deuxième personne est une femme d'une trentaine d'année qui vole en Lettonie sur CRJ et est qualifiée depuis peu sur Airbus mais n'a pas d'expérience dessus (comme moi), elle est aussi française. Je commence par l'entretien avec la RH, ça se passe très bien selon moi, une réelle discussion avec les questions habituelles (pourquoi WizzAir, qualités, défauts, etc...). Ca a duré environ 30 minutes quand même, tout en anglais évidemment. Je ressors et enchaîne sur l'entretien technique avec le fleet manager et le training manager. Rien de particulier, quelques questions sur les systèmes de l'avion, pas d'hésitation, puis un exercice simple (mais que je n'avais pas travaillé depuis février) de calcul de distance d'atterrissage. J'hésite un peu mais retombe sur mes pattes et réalise correctement l'exercice.

Je ressors assez confiant au final, la nana est quant à elle totalement confiante "les doigts dans le nez" elle me dit. L'après-midi je visite un peu Budapest avec Antoine et le mail tant attendu tombe sur le téléphone d'Antoine: il est reçu et convoqué le lendemain pour le simu. Je check donc mes mails et trouve celui qui me concerne. Je vois de suite que le format n'est pas le même, et constate avec effroi que je ne suis pas gardé pour la suite. Je ne comprends pas pourquoi, il est simplement stipulé que les standards pour les copi qualifiés étaient très hauts.. Le ciel me tombe sur la tête, ça fait très mal, je le vis comme un énorme échec personnel. J'en ai les larmes aux yeux. Heureusement Antoine est là et me réconforte. C'est vrai qu'on dit souvent que la première sélec est un entraînement, on réussit rarement du premier coup à entrer dans une compagnie aérienne. C'est une épreuve difficile à vivre et surtout à digérer car je ne vois pas où j'ai fauté. Mais c'est ainsi et je dois faire avec. Je dois encore l'annoncer à mes parents,d'imaginer leur déception me fend le cœur.

Le lendemain Antoine va chez WizzAir mais le simu est cassé, nous profitons donc de ce dernier jour à Budapest pour se balader avec un CdB également retenu. Merci à eux deux pour leur soutien car j'étais vraiment très mal.


L'aventure WizzAir s'arrête avant d'avoir commencée, et j'ai toujours du mal, aujourd'hui à l'accepter, mais c'est la vie. Il faut avancer! Je rentre en France et reprends mes vols en tant que FI.


A320 Base Training

Mars 2015:

Le skill test en poche, je ne suis toujours pas officiellement qualifié sur Airbus A320. Je dois maintenant passer par la partie la plus grisante de la formation: le vol réel! 6 mars 2015, avec Irfane et Antonio (un Croate que nous avons connu en formation), nous prenons l'avion vers Barcelone. Le Base Training se fera sur un avion de Vueling avec un de leur TRI et un pilote de sécurité de la compagnie.





Nous logeons dans une auberge de jeunesse pour limiter les coûts, 8 dans la chambre, mais on fait avec, ça n'a pas d'importance demain je vais piloter un A320 pour de vrai! Je vais réaliser mon rêve de gosse.






Il faisait pas très chaud ce jour là, peut-être aussi l'appréhension et le stresse qui me faisaient trembler ;) Nous sommes 6 à devoir faire ce vol. Le programme est simple, l'équipage Vueling pilote l'avion de Barcelone à Saragosse, puis une fois posés, nous enchaînons chacun notre tour nos 6 décollages et atterrissages obligatoires avant de repartir vers Barcelone.

Je passe en dernier, le collègue précédent pose l'avion et pendant que le CdB fait rouler l'avion pour remonter le taxiway vers le début de piste, je m'installe. Woww, je suis aux commandes d'un A320, ce n'est pas un simulateur, c'est réel! Pas le temps de rêvasser, la contrôleuse appelle et m'autorise à décoller. Le CdB me met la main gauche sur les manettes des gaz, ma main droite se pose sur le mini stick et c'est parti: je pousse les manettes jusqu'à la buttée avant. L'avion est très allégé niveau fuel et nous ne sommes qu'une dizaine à bord (pour une capacité de 180 passagers plus 6 membres d'équipage), autant dire que je prends un sacré coup au cul lors de la mise en puissance! 100kt, V1, Vr, je tire doucement sur le manche, et l'avion s'arrache du sol, tout va très vite, je suis déjà à 2500ft, je pousse sur le manche pour réduire mon assiette et maintenir mon altitude, je vire à gauche vers la vent arrière, c'est fou, j'ai exactement le même ressenti de pilotage qu'en simulateur, seule différence (et pas des moindres), derrière mon par-brise c'est le monde réel. Fin de vent arrière, je vire en base et débute ma descente, je surveille et maintiens scrupuleusement mon taux de descente en visant les plots IFR sur la piste (700-800ft/minute). L'avion m'annonce 50, 40, 30.. je commence mon arrondi, 20.. je réduis les gaz, 10.. et je pose les roues sur la piste, pas le temps de déguster mon premier atterrissage, le CdB repousse ma main gauche vers l'avant, la pleine puissance est appliquée à nouveau et c'est reparti! 4 nouveaux tours de piste qui défilent à la vitesse de la lumière. Dernier TDP, en vent arrière j'ai pris le pli, je souffle un coup et je regarde autour de moi.. C'est magique, je pilote un A320, je réalise mon rêve, quelle chance! J'ai travaillé très dur pour ça, mais quelle récompense, c'est génial! Je profite à 100% de ma dernière approche et m'applique pour mon dernier atterrissage.







C'est déjà fini, mais quel bonheur! Nous rentrons à Barcelone, j'ai encore les yeux qui pétillent de joie, je vais pouvoir apposer ma nouvelle qualification sur ma licence. Maintenant il faut trouver du boulot!



Baltic Aviation Academy

Janvier 2015:


Bon et bien finalement je me suis lancé. Nous sommes le 4 janvier 2015 et je prends l'avion avec Irfane. On a la chance de partir ensemble pour faire notre qualification de type sur Airbus A320. Destination Vilnius. 2h30 de vol plus tard, nous voici arrivés dans le froid Lituanien.




Température - 18°C! Au début ça fait bizarre, puis on s'y habitue. De toute façon on passe le plus clair de notre temps soit à l'hôtel, soit à l'école. Le logement est compris dans le prix de la formation, ce qui est vraiment un avantage, et en plus, un chauffeur de l'école s'occupe de notre transport à chaque fois que l'on a cours.

La première phase se constitue de 3 semaines de théorie avec un TRI (Type Rating Instructor), avec les fameux CBT. En fait on reste 7 à 8 heures par jours devant l'ordinateur à cliquer pour faire défiler les slides nous expliquant dans les moindres détails chaque système de l'Airbus A320. Un boulot énorme, surtout de devoir se souvenir de chaque valeur. L'A320 est très simple à piloter, mais extrêmement complexe dans sa conception et en tant que pilote, on doit le connaître sur le bout des doigts. La phase théorique se conclut par un examen final, éliminatoire. 100 questions sur les systèmes, et pas forcément des questions faciles, il faut avoir minimum 75% pour pouvoir accéder à la phase suivante: les séances de simulateur!





Après 3 jours très intenses en révision (900 questions revues sur le week-end), je me sens prêt pour l'examen final. Le questionnaire arrive et j'enchaîne les questions, quelques doutes sur certaines mais je suis confiant. Après quelques minutes d'attente, le temps de la correction par mon instructeur, le verdict tombe: 98% de bonne réponses :)

C'est donc la phase la plus intéressante qui débute: les simus. Je vais avoir 20 heures de simu fixe, c'est à dire le simu professionnel (que l'on appelle Full Flight Simulator / FFS), mais sans le mouvement, histoire de se familiariser avec le cockpit et les procédures Airbus (qu'il a fallu apprendre par cœur en même temps que les révisions pour l'examen théorique, soit dit en passant). Ensuite, j'aurai 36 heure de simu FFS avec motion, donc en conditions réelles. Bien sûr chaque vol aura son lot de pannes et dysfonctionnements.





Chaque session de FFS dure 4 heures. Ce qui peut paraître long, mais il n'y a aucun temps mort durant ces vols, donc finalement ça passe assez vite. En revanche on est super fatigué à chaque fin de mission. Je suis 2 heure PF (Pilote en Fonction), puis 2 heures PNF (Pilote Non en Fonction). Qu'est-ce que c'est que cette histoire de PF / PNF?!

Dans un cockpit d'avion de ligne, il y a la hiérarchie d'un côté: le commandant de bord (CM1, celui qui est assit à gauche, c'est le boss), et le First Officer, ou Officier Pilote de Ligne, ou plus couramment appelé Copilote (CM2, assit à droite).  Mais il y a aussi la fonction à bord durant le vol, à savoir, PF ou PNF. Dans l'imaginaire des gens, le copilote est là "au cas où". C'est absolument faux! Le copilote pilote autant que le CdB (commandant de bord), car lors d'un vol, l'un est PF l'autre est PNF, et les rôles s'inversent à chaque vol.

PF: Pilot Flying / Pilote en Fonction: c'est lui qui s'occupe de la conduite du vol, pilotage et navigation. Il donnera au PNF tous les ordres concernant la conduite de l'aéronef quand il ne peut pas agir lui même (ex: sortie des volets, rentrée du train d'atterrissage etc..).

PNF: Pilot Non Flying / Pilote Non en Fonction: il assiste le PF durant le vol en se chargeant notamment de la radio, exécute les actions demandées par le PF, mais surtout en cas de panne, réalise les actions d'urgence afin de traiter cette dernière pendant que le PF pilote l'avion. Il surveille également chaque paramètre du vol en back-up du PF.





Les séances s’enchaînent, les pannes aussi: double panne hydraulique, feu moteur, panne totale des systèmes électriques, descente d'urgence, fumée dans le cockpit et j'en passe. Nous sommes dépendant des créneaux disponible et devons parfois voler de nuit (2h à 6h du matin). C'est bien évidemment plus difficile d'apprendre et d'être efficace dans ces conditions, mais après tout, une fois en ligne, nous aurons aussi des vols de nuit, et il faudra être à 100% en cas de problème.





Finalement, après plusieurs semaines d'entrainement, la date du 22 février arrive. C'est notre Skill Test (Test de compétences). Aujourd'hui nous allons être évalué en tant qu'équipage par un TRE (Type Rating Examinator) lors d'un vol normal (les 40 premières minutes environ), mai qui va dégénérer avec plusieurs pannes. Le but étant de gérer les pannes et ramener l'avion en lieu sûr sans mettre en danger la vie des passagers.

Nous sommes donc placé en porte à Bruxelles, nous exécutons les procédures normal avant mise en route des moteur, puis premier soucis, un advisory de vibration moteur lors de la mise en route du numéro 1 (moteur gauche). On check, c'est dans les limites, on continue donc par le roulage puis le décollage. Tout se passe bien, jusqu'à la montée où un des deux systèmes assurant la pressurisation de l'avion tombe en panne. On continue la montée jusqu’au premier niveau de croisière mais par précaution, nous refusons de monter plus haut. Quelques minutes plus tard ce qui devait arriver, arriva. Le deuxième système tombe à son tour en panne: descente d'urgence, masque à oxygène sur la tronche. Le contrôleur nous autorise à l'approche sur Francfort, pendant la descente une sonde de radio altimètre tombe en panne (il reste la deuxième). Nous entamons l'approche finale mais pas de visuel sur la piste: remise de gaz! Bien sûr c'est trop simple, pendant la remise de gaz, un moteur nous lâche! On fait la procédure d'urgence, se représente pour une deuxième approche et on se pose sans encombre. Après 3 heures de vol bourré de pannes, le TRE nous serre la main et nous annonce "vous êtes maintenant qualifiés sur Airbus A320, félicitations!" 

Quel soulagement! Pour le fun, il profite de la dernière heure pour tester mes limites en tant que PF. Il me fait décoller mi piste et me fait une panne plutôt inattendue: mon moteur gauche s'arrache de l'aile! Donc panne moteur (au moins il n'est plus là pour traîner l'avion), plus fuite hydraulique. Je me pose d'urgence après un circuit de piste à vue.





La qualification de type est terminée. Il reste maintenant plus que la troisième et dernière phase: le Base Training. Ce BT se compose d'un vol à effectuer sur le vrai avion, sans passagers. C'est un vol d'environ 40 minute qui consiste à faire 6 tours de piste (comme quand j'étais jeune élève pilote débutant), sauf que cette fois je ne serai plus dans mon cessna 152, mais dans un Airbus A320 de 77 tonnes. Je vous raconterai ce moment inoubliable dans un prochain post.

19 septembre 2015

Évoluer ou abandonner

Décembre 2014


Abandonner?? Nooooon! Reste qu'une alternative: évoluer, et dans le bon sens! J'ai eu l'accord de ma banque, 25 000€ supplémentaires, et j'ai pu négocier un tarif très intéressant avec un TRTO (Type Rating Training Organization) Lituanien: 18 500€ pour la qualif A320 avec le Base Training inclu (vol de validation, environ 45mn) et le logement également compris durant le temps de la formation, soit 1 mois et demi environ. J'ai pu obtenir ce tarif car je vais faire la QT avec Irfane, souvenez vous, mon pote d'ATPL avec qui j'ai également fait la formation FI, et bien on remet ça! :)


Je quitte donc mon travail chez LATAM et vais profiter du mois de décembre pour me préparer à cette QT A320. Irfane à pu obtenir un CBT A320 (les cours systèmes sur ordinateur), et nous allons travailler dessus tout le mois afin d'avoir les bases avant de commencer la formation. Départ prévu pour le 4 janvier 2015. Ça va arriver vite!