23 septembre 2015

Première sélection

Avril 2015:

J'ai reçu le mois dernier un mail de la part de la compagnie WizzAir. Une compagnie en pleine expansion. Ils ont commandé beaucoup d'avions et ont un grand besoin de pilotes. Je suis convoqué pour une sélection. La première de ma vie en tant que pilote de ligne. Je vais devoir partir 3 jours à Budapest au siège de la compagnie pour subir les divers tests. Gros stresse mais tout m'est expliqué dans un PDF attaché au mail. Voici comment ça va se dérouler:

Premier jour: Présentation de la compagnie, choix des bases, puis test écrit de connaissances sur l'ATPL et l'A320 le matin. L'après-midi, exercices de groupe (ce que je redoute le plus).

Deuxième jour: Entretiens individuels avec la RH et les pilotes.

Troisième jour: Test sur simulateur.

Chaque jour est éliminatoire, et nous sommes informés le soir même de la réussite ou non des épreuves du jour. Dur dur! Point de vue logistique, la compagnie me paye le billet de Paris à Budapest via Varsovie, c'est plutôt cool. En revanche l'hôtel est à mes frais.




Me voilà à Budapest, je me sens un peu seul, j'arrive à mon hôtel Ibis (budget oblige) et rencontre un français. Je commence à discuter avec lui. Il s'appelle Antoine et est lui aussi là pour la sélection. Super, on va pouvoir s'entraider! J'apprendrai par la suite qu'Antoine, n'est autre que l'ancien Leader de la patrouille de France, aujourd'hui directeur des opérations en vol de la PAF (Patrouille de France). Je verrai aussi quelques semaines plus tard en regardant mes vieilles photos de ma formation CPL à l'ESMA que je l'avais déjà rencontré, c'est marrant comme le monde de l'aéronautique est petit!

Le premier jour se passe plutôt bien, la présentation de la compagnie me tape à l’œil, salaire annoncé d'environ 2500€ primes incluses, choix de la base en Europe centrale avec un planning 6 jours ON, 1 repos, 6 autres jours ON puis 7 jours OFF pour rentrer à la maison avec les billets d'avion gratuits sur le réseau de la compagnie. Ensuite vient le test écrit, je pense pas trop mal m'en sortir. Je rentre le soir à l'hôtel et bois une biere avec Antoine et un autre français rencontré à l'hôtel déj àen post chez WizzAir. Le mail tombe et c'est sans appel: sur les 25 candidats présents le matin même, seulement 10 sont gardés! Antoine et moi sommes de la partie! Super! On va manger puis révisions ce soir pour préparer les entretiens du lendemain.

Le jour le plus important, les entretiens, et je passe en premier! Nous ne sommes plus que 10, et dans les 10 nous ne sommes que 2 à être qualifié sur l'A320 ce qui (je pensais) me donnerait un avantage certain. La deuxième personne est une femme d'une trentaine d'année qui vole en Lettonie sur CRJ et est qualifiée depuis peu sur Airbus mais n'a pas d'expérience dessus (comme moi), elle est aussi française. Je commence par l'entretien avec la RH, ça se passe très bien selon moi, une réelle discussion avec les questions habituelles (pourquoi WizzAir, qualités, défauts, etc...). Ca a duré environ 30 minutes quand même, tout en anglais évidemment. Je ressors et enchaîne sur l'entretien technique avec le fleet manager et le training manager. Rien de particulier, quelques questions sur les systèmes de l'avion, pas d'hésitation, puis un exercice simple (mais que je n'avais pas travaillé depuis février) de calcul de distance d'atterrissage. J'hésite un peu mais retombe sur mes pattes et réalise correctement l'exercice.

Je ressors assez confiant au final, la nana est quant à elle totalement confiante "les doigts dans le nez" elle me dit. L'après-midi je visite un peu Budapest avec Antoine et le mail tant attendu tombe sur le téléphone d'Antoine: il est reçu et convoqué le lendemain pour le simu. Je check donc mes mails et trouve celui qui me concerne. Je vois de suite que le format n'est pas le même, et constate avec effroi que je ne suis pas gardé pour la suite. Je ne comprends pas pourquoi, il est simplement stipulé que les standards pour les copi qualifiés étaient très hauts.. Le ciel me tombe sur la tête, ça fait très mal, je le vis comme un énorme échec personnel. J'en ai les larmes aux yeux. Heureusement Antoine est là et me réconforte. C'est vrai qu'on dit souvent que la première sélec est un entraînement, on réussit rarement du premier coup à entrer dans une compagnie aérienne. C'est une épreuve difficile à vivre et surtout à digérer car je ne vois pas où j'ai fauté. Mais c'est ainsi et je dois faire avec. Je dois encore l'annoncer à mes parents,d'imaginer leur déception me fend le cœur.

Le lendemain Antoine va chez WizzAir mais le simu est cassé, nous profitons donc de ce dernier jour à Budapest pour se balader avec un CdB également retenu. Merci à eux deux pour leur soutien car j'étais vraiment très mal.


L'aventure WizzAir s'arrête avant d'avoir commencée, et j'ai toujours du mal, aujourd'hui à l'accepter, mais c'est la vie. Il faut avancer! Je rentre en France et reprends mes vols en tant que FI.


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